En pénétrant dans la cour de Qijia, habitant du village de Tsapanang, dans le bourg de Chushur, du comté de Chushur, à Lhassa, au Xizang, on découvre un espace verdoyant, fleuri, propre et bien ordonné. La petite maison tibétaine de deux niveaux qui s'élève devant nous est spacieuse, lumineuse, finement décorée et équipée d'appareils électroménagers modernes ; la véranda est dotée de stores électriques. Sur le côté de la porte se trouve une salle d'eau (séparant zones sèche et humide) avec une grande baignoire.

Situé sur la rive nord du Yarlung Tsangpo, le village de Tsapanang est entouré de montagnes verdoyantes et bien desservi. Il se trouve à moins d'une heure de route de Lhassa. Inscrit en mars 2023 sur la liste du sixième groupe du label de village traditionnel chinois, il a été désigné en juillet de la même année « village modèle de construction écologique » par le gouvernement populaire de la région autonome du Xizang. Pour Qijia, au fil des années, son village natal est passé de la pauvreté à la prospérité, de la boue omniprésente à la beauté et à la propreté : c'est un « beau village » dans tous les sens du terme.

Alors que nous buvons le thé au lait sucré et fumant que la fille de Qijia nous a servi, celui-ci ouvre son cœur, « Dans notre enfance, c'était si difficile ! Le tsampa accompagné de thé au beurre était le meilleur repas accessible ; il n'y avait pratiquement pas de légumes, encore moins de viande. Acheter des produits au village n'était pas facile ; la coopérative ne proposait que des articles de première nécessité comme l'huile, le sel et le sucre blanc. Rien à voir avec aujourd'hui : le village a son supermarché, on peut acheter tout ce qu'on veut, tous les légumes sont disponibles, la viande s'achète à tout moment, et pour notre déjeuner, nous préparons toujours plusieurs plats sautés. » Il éclate d'un rire franc.

D'une alimentation sans légumes à une nourriture abondante, des sentiers boueux après chaque pluie estivale aux routes en ciment lisses et propres qui mènent maintenant directement au pas de la porte, du travail agricole manuel au développement de la mécanisation… La vie des villageois est devenue plus prospère et stable, avec de larges gains de productivités sans altérer les conditions de travail, et, parallèlement, la vie culturelle et récréative du village s'est enrichie, tandis que les besoins spirituels de la population ont évolué.

C'est justement la période du festival d'Ongkor au village. Qijia raconte, « Avant, les villageois étaient si occupés pendant le festival Ongkor qu'organiser des activités sur un ou deux jours semblait trop long et faisait perdre du temps de travail. Maintenant que les conditions de vie se sont améliorées, cette année, nous avons organisé les festivités de l'Ongkor sur cinq jours : deux jours de courses de chevaux et trois jours de représentations d'opéra tibétain, de chants et de danses. Et pourtant, certains villageois ne sont pas satisfaits, ils disent, “ Cinq jours, c'est trop court, ajoutez encore un jour ! ” »

Pour l'avenir, Qijia a un vœu. Il souhaite transformer son village natal en une destination alliant tourisme et culture rurale, attirer plus de jeunes pour qu'ils y travaillent et y voyagent, afin de « faire en sorte que les citadins nous envient, nous, les villageois ».

(Rédactrice : Lucie ZHOU)