« Lorsque je repense à mes débuts dans l'apprentissage de l'opéra tibétain jusqu'à aujourd'hui, je ressens un mélange de joie et d'inquiétude, de peine et de bonheur. Si je suis restée fidèle à cet art et prête à tout lui consacrer, c'est parce que l'opéra tibétain représente pour moi bien plus qu'un simple métier : c'est un rêve, une passion qui donne un sens profond à ma vie », confie Pingzhen, jeune actrice de la Troupe d'opéra tibétain de la région autonome du Xizang.
Fin 2024, lors de la première édition de l'« Exposition des chefs-d'œuvre des genres rares de l'opéra chinois », la Troupe d'opéra tibétain du Xizang a remporté le prix du meilleur spectacle avec sa pièce Drowa Sangmo – À la recherche du roi. Pingzhen, qui tenait le rôle principal, a été distinguée par le titre d'« Excellente jeune héritière des genres rares de l'opéra chinois ».
La passion de Pingzhen pour l'opéra tibétain remonte à son enfance, lorsqu'elle assistait aux représentations avec sa famille au Norbulingka. Les chants puissants, les mouvements gracieux des acteurs, les masques aux motifs anciens : tout dans cet art la fascinait et l'emplissait d'admiration. À 11 ans, elle a réussi l'examen d'entrée à la classe d'opéra tibétain de la région, scellant ainsi son destin avec cet art ancestral.
Aucun grand artiste n'échappe à la règle du « Une minute sur scène, dix ans d'efforts en coulisses », et Pingzhen n'a pas fait exception. Après quinze années de persévérance, elle est passée du rôle de figurante à celui d'actrice secondaire, puis principale. « Dans un monde où l'information et le numérique saturent notre quotidien, combien de personnes sont prêtes à délaisser leur téléphone pour venir voir un opéra tibétain ? » s'interroge-t-elle souvent. Consciente des défis auxquels sont confrontés les artistes d'aujourd'hui, elle estime que l'opéra tibétain doit non seulement rester fidèle à ses racines, mais aussi innover pour trouver un nouveau souffle. « Pourtant, je crois fermement qu'une simple étincelle peut embraser une plaine », ajoute-t-elle avec conviction.
Autrefois joué en plein air sur les places publiques, l'opéra tibétain a désormais investi les théâtres et les scènes modernes, exigeant des artistes un niveau de compétence encore plus élevé. En 2021, lors de la reprise de « La Princesse Wencheng », une adaptation d'un opéra traditionnel, Pingzhen a obtenu le rôle-titre.
Avec une ténacité presque obstinée, elle s'efforce de préserver l'essence de l'opéra tibétain tout en l'adaptant à l'esthétique contemporaine. « Autrefois, le chant traditionnel prédominait dans l'opéra tibétain. Aujourd'hui, pour enrichir l'expression des émotions des personnages, les représentations en salle intègrent davantage de techniques vocales et musicales. Cela demande aux acteurs non seulement une meilleure maîtrise de la théorie musicale, mais aussi une capacité accrue à transmettre des émotions par le chant, à incarner plus précisément leurs rôles et à faire évoluer l'intrigue de manière plus fluide, afin de toucher pleinement le public d'aujourd'hui. »
« L'opéra tibétain fait partie intégrante de mon être, il coule dans mes veines, jusque dans mes os. Sur scène comme en coulisses, seule une passion inébranlable permet de rester fidèle à son art, à son époque et à l'histoire. Transmettre et faire évoluer l'opéra tibétain est ma vocation et ma mission », conclut Pingzhen.
(Rédactrice : Estelle ZHAO)