Le bonheur de la vieille ville de Bajiaocheng
Le soleil du début du printemps n'a pas réussi à adoucir le vent glacé qui balaie le mystérieux pays de Gangya. Cependant, il diffuse une douce chaleur à travers les différentes maisons d'hôtes de la vieille ville de Bajiaocheng.
Dans le comté de Xiahe, situé dans la préfecture autonome tibétaine de Gannan, dans la province du Gansu, la plaine de Gangya demeure encore stérile en cette saison, les herbes printanières n'ayant pas encore émergé. À l'est de la plaine, sur le plateau de la rive nord-est de la confluence des rivières Yangqu et Yangla, à environ 37 kilomètres de la ville, se niche une cité millénaire en forme de croix, dont le contour évoque un octogone : les ruines de « Bajiaocheng » ( la Cité des Huit Angles). Autrefois, elle était une étape stratégique majeur sur l'ancienne route Tang-Tubo, ainsi que sur la route du sud de la Soie et la route du Thé et des Chevaux.
Aujourd'hui encore, l'atmosphère vivante du commerce du thé et des chevaux continue de se faire sentir dans la ville de Bajiaocheng. Autour d'elle, se déploient des plaines, des collines et des plateaux, où subsistent de nombreuses terrasses agricoles abandonnées de l'ancienne époque, certaines atteignant même le sommet des collines. À l'ouest de la ville s'étend la vaste et infinie prairie de Gangya, tandis qu'au nord se dresse un mur de falaises de plus de cinq kilomètres, abritant les vestiges de grottes et le temple de Kangya Drakar. Entre ces paysages grandioses, les moutons tibétains de Gangya et les yaks d'Amdo paissent traquillement ici et là. Ce mélange de falaises abruptes et de prairies immenses, ainsi que cette richesse culturelle révélée par les vestiges historiques et les légendes populaires, ont fait de Gangya une destination touristique prisée par les visiteurs nationaux et internationaux.
La vieille ville de Bajiaocheng, désormais classée comme village administratif, conserve encore son authenticité rurale. Ces dernières années, grâce à l'avancement de la revitalisation rurale dans le comté de Xiahe, des projets majeurs, tels que la construction de villages écologiques de moyenne aisance et le projet d'enrichissement « Un, Dix, Cent, Mille, Dix Mille », ont été mis en œuvre. Les habitants se sont activement tournés vers le tourisme, et plus de cinquante maisons d'hôtes, gérées par des villageois, ont été ouvertes dans la vieille ville, connaissant un grand essor. Un tableau de la vie rurale paisible et harmonieuse se dessine progressivement sur les terres de Gangya.
Après deux détours depuis l'entrée du village se trouve la maison de Dorje Tsering, l'une des premières familles à avoir ouvert une maison d'hôtes dans le village en 2021. Proposant des réservations en ligne, sa famille génère un revenu annuel stable de 40 000 à 50 000 yuans. La famille de Dorje Tsering est composée de quatre membres. Selon son fils, Drugyal Tsering, lui et sa sœur étudient respectivement à l'École normale des minorités du Gansu et au Lycée tibétain de Xiahe, et ils rentrent rarement chez eux. Ce sont leurs parents qui gèrent la maison d'hôtes. « Le soutien financier du gouvernement pour les villageois qui ouvrent des maisons d'hôtes nous donne davantage confiance en l'avenir », a déclaré Dorje Tsering.
La maison d'hôtes de Tselao, située sur une pente plus élevée du village, a ouvert ses portes en 2022. Elle se distingue par son décor tibétain soigné et un environnement de vie propre et agréable, offrant aux visiteurs une expérience confortable et satisfaisante. En plus de l'hébergement, cette maison d'hôtes propose également des plats traditionnels tibétains, tous préparés par le couple lui-même. À l'approche du Nouvel An tibétain, ils ont décoré les fenêtres avec des ornements en papier aux motifs tibétains, ajoutant une touche festive à cette demeure chaleureuse. Selon Tselao, pendant la haute saison touristique, le couple est souvent débordé, tandis qu'en basse saison, ils s'occupent des champs et des moutons, trouvant ainsi un équilibre entre travail et repos, et menant une vie simple et confortable. À l'avenir, il prévoit d'ajouter des chambres au deuxième étage, espérant accueillir davantage de visiteurs pour découvrir le charme de la vieille ville de Bajiaocheng.
Cette ville octogonale, où l'histoire et la renaissance se conjuguent, est habitée par des gens qui, nés et ayant grandi ici, cultivent et récoltent les fruits de leur travail sur cette terre ancienne, grâce à leur sagesse et à leur diligence. C'est cela, le bonheur.
(Rédactrice : Estelle ZHAO)