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La culture mystérieuse du bön

2012-01-31 15:41

Né à l'époque préhistorique, le bön était une religion autochtone du haut plateau Qinghai-Tibet. Selon des documents historiques, il fut fondé au Ve siècle avant notre ère par Gshen-rabmi-poche, prince du Shangshung, un petit royaume situé dans l'ouest du Tibet d'aujourd'hui. Vers le début de l'ère chrétienne, le bön commença à se répandre vers l'est et plus tard dans tout le Tibet, particulièrement dans la région de Lhassa. Ainsi, dans la première période de la dynastie des Tubo, le bön atteignit son premier apogée et domina sur les plans politique, économique et culturel de la société tibétaine.


Religion panthéiste, le bön estimait que tous les êtres avaient une âme, toutes les choses - terre, montagnes, cours d'eau, soleil, lune, vent, pluie, tonnerre, éclair, oiseaux et animaux – avaient une intelligence et qu'elles détenaient un pouvoir sur la naissance, la santé, la vieillesse, la mort, la bonne et la mauvaise fortune des êtres humains ; bref, un pouvoir mystérieux et invincible.
 
Selon le bön, les humains étaient subjugués par les divinités et les démons, voire ils étaient créés par eux. Le tsampo, c'est-à-dire leur souverain, était le fils du ciel. Il fut envoyé sur terre, et après son décès, il devrait retourner au royaume du Ciel. Chaque humain est dominé et protégé par la divinité de la Guerre et celle du Soleil. Une fois abandonné par l'une de ces deux divinités, il s'éloignait de ce bas monde. Pour soulager les souffrances du défunt, la famille devait tenir une grande cérémonie de sacrifice. En fait, le bön estimait qu'il existe deux mondes : celui des mortels et celui des morts. Le monde des morts est l'enfer où règnent les ténèbres et des souffrances épouvantables. La famille du mort devait donc faire des offrandes aux divinités et  aux démons pour racheter son âme de sorte qu'il puisse quitter l'enfer et parvenir au royaume du ciel.
 
Les divinités, les démons, les sacrifices et la chasse aux démons constituaient le noyau de la doctrine du bön. Ainsi, durant de très longues années, faire de la divination, offrir des sacrifices, écarter les malheurs, prophétiser le bonheur, assurer une bonne récolte et promettre une vie heureuse, toutes ces pratiques de sorcelleries exercèrent une vaste et profonde influence sur la vie sociale du Tibet, tout en laissant d'ineffaçable empreintes sur les beaux-arts de l'époque préhistorique.
 


Penons par l'exemple la peinture rupestre n°1 située à Rumdung, dans la préfecture de Ngari. Haut de 2.7m et large de 1.4m, ce tableau, qui fut buriné à 12 mètre du sol, présente une forme approximativement ovale. On y voit à droite en haut un cheval et à gauche en bas un yack dont le dos et ventre sont très poilus et la queue la roue en l'air. De chaque côté du yack se trouvent un homme: l'un porte une longue robe et se tient debout, les jambes écartées, une main sur la hanche et l'autre tenant une longue perche avec un sac sur le dos. Le deuxième est à califourchon sur une chèvre, également la main droite sur la hanche et une longue perche à la main gauche. En plein milieu, horizontalement de gauche à droite, figurent la lune, le soleil, un pénis et une vulve que divisent les dessins du haut et du bas.
 
Le deuxième groupe de dessins représente notamment des personnages, des poissons, des poteries et un yack. On y voit un gros poisson dont le corps forme un cercle. Sur son ventre sont burinés dix petits poissons. En bas, à gauche, on découvre quatre danseurs à tête d'oiseau, en haut et en bas desquels se trouvent trois petits poissons. Entre les danseurs, un signe du yum-vbrom-bön et trois petits poissons formant une échelle. En dessous, il y a dix larges vases de meme forme, ornes de motifs de corde. Plus loin à gauche, on trouve deux hommes, chacun étant à califourchon sur une chèvre, les bras ouverts, des branches ou des plumes à la main. Celui de gauche porte un chapeau rond et orné de belles plumes. En bas figurent 129 chèvres en neuf rangs réguliers.