Le soleil du matin qui se répand dans tous les coins de la vieille ville de Lhassa, Sonam Zangbo, âgé de 60 ans, prend le tsamba d’une blancheur laiteuse de ses propres pots en faïence, l’accompagne tranquillement des restes de fromage, de petits morceaux de beurre, et se sert ensuite un thé brûlant. En faisant délicatement tourner le bol, il utilise ces doigts pour prendre le tsamba dans le bol d’à côté et le mettre dans l’eau pour le thé ; la main l’agitant constamment. Le tsamba, le thé et le beurre se marient bien, utilisant la main pour les regrouper ensemble et manger avec grand plaisir le tsamba tibétain traditionnel.
« Je mange le tsamba à tous les jours au petit déjeuner. En le mangeant, on se sent à l’aise et on se dit que la journée vient vraiment de commencer » nous raconte le vieux Suolang Zangbu.
Le tsamba est un aliment de base important pour les Tibétains. La place du tsamba dans l’histoire de l’alimentation des Tibétains remonte à plusieurs milliers d’années.
Dans l’air froid et raréfié des hauts plateaux, la raison pour laquelle on ne manque pas de centenaires c’est que la production de tsamba, fait à partir de l’orge du Tibet, ainsi que ses propriétés médicinales sont indissociables. Le tsamba est en réalité de l’orge tibétaine cuite. Les orges sont déjà cuites avant d'être broyées.
Les produits du tsamba ont une haute teneure en protéines, fibres et vitamines, une faible teneure en gras et en sucre en plus d’être enrichie de sélénium. Cela en fait un excellent aliment pour la santé. Ils permettent aussi de nettoyer l’intestin, de réguler le taux glycémique, de réduire le cholestérol, de renforcer le système immunitaire ainsi qu’un effet inhibiteur pour la maladie de la goutte. Ils peuvent aussi prévenir le diabète, la haute pression sanguine, les maladies pulmonaires, cardio-vasculaires et autres maladies.
Dans plusieurs zones agricoles et rurales du Tibet, les travailleurs ingénieux utilisent l’eau qui descend de la montagne pour y construire un moulin à eau, servant à la fabrication du tsamba, de la farine et le fourrage pour le bétail dont le « fruit du rivage Gyami » qui est le plus connu. Le nom représente la place du moulin à eau, qui se situe près de lu canal de Nyangrain dans la banlieue au nord de la ville de Lhassa, à environ 6 kilomètres du centre de la ville.
Les abondantes ressources hydrauliques du canal de Nyangrain forment le plus grand regroupement de moulin à eau de la banlieue nord de Lhassa. Sur près de 2 kilomètres au bord de l’eau sont construits près d’une vingtaine de moulins à eau, endroit unique en son genre dans l’ensemble de la région tibétaine. Le canal de Nyangrain est, depuis les temps anciens, un endroit important pour la production de tsamba dans la région de Lhassa.
Le moulin à eau Gyami montre le talent extraordinaire des Tibétains pour la fabrication de machine et le travail du grain. Celui-ci tire pleinement profit des sources d’eau naturelles pour moudre l’orge en économisant de l’énergie tout en étant non polluant. L’artisanat du moulin à eau Gyami est aujourd’hui protégé, ayant attiré l’attention et obtenu le support du gouvernement. En 2006, l’artisanat du moulin à eau Gyami a fait partie du premier groupe de l’héritage culturel immatériel de la région autonome du Tibet.