La mise en stûpa est considérée par les Tibétains comme le rite funèbre du plus haut rang. Seuls les grands trulkou et quelques nobles peuvent jouir d’un tel honneur. La dépouille doit subir un traitement antiseptique avant d’être conservée dans un stûpa en or ou en argent, auquel on voue un culte.
Au Tibet, il existe plusieurs méthodes pour aseptiser les dépouilles. L’une d’elles consiste d’abord à immerger le corps dans une solution parfumée puis à appliquer des sels à maintes reprises sur le corps pour le déshydrater. Ces grumeaux de sels, mêlés avec du sang et du liquide corporel de trulkou, sont appelés duntsa, et ils sont considérés par les Tibétains comme un objet sacré servant à guérir toutes les maladies et à faire disparaître les malheurs et les désastres. Certains monastères offrent souvent cet objet sacré aux hôtes distingués. L’auteur a reçu un paquet de duntsa provenant du Xe panchen-lama du monastère Tashilunpo. Il l’a offert ensuite à un ami tibétain qui l’a accepté avec maints remerciements. Une autre méthode pour aseptiser la dépouille consiste à la déposer dans une boîte en bois remplie de sable sec, de façon à déshydrater lentement la dépouille durant une période d’environ trois ans. Une autre encore consite à mettre le corps à sécher dans un sous-sol chauffé par un four. Le sol est couvert d’une épaisse couche d’une poudre particulière. La dépouille a été préalablement éviscérée et on a rempli la cavité d’une huile spéciale.
Après avoir suivi un traitement antiseptique, les dépouilles des personnes importantes sont recouvertes de feuilles d’or sur lesquelles on dépose du safran et des aromates. A l’occasion de la mort du Xe panchen-lama, le gouvernement autonome du Tibet a fourni 500 kg de plantes médicinales rares de 108 sortes différentes, dont safran et bornéol, pour le traitement de la dépouille. Ensuite, on s’occupe de toiletter et d’habiller la dépouille et de la déposer dans le stûpa pour qu’elle se conserve longtemps et qu’on lui voue un culte.
Le stûpa est composé de trois parties : une base, un vase et une roue. On peut classer le stûpa selon les matériaux utilisés : or, argent, bronze, bois et terre, à l’intention des trulkou et des lamas selon leur hiérarchie. Généralement, le stûpa en or est réservé aux dalaï-lamas et aux panchen-lamas ; celui en argent, aux lamas éminents, comme le supérieur du monastère Gandain. Les stûpas, une fois achevés, sont généralement déposés dans les petits et grands palais des monastères.
(Source : Collection Tibet – LES US ET COUTUMES DU TIBET)