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Le Nouvel An tibétain dans mon cœur : le goût de mes souvenirs (I)

2025-02-26 09:44

Le Nouvel An tibétain est généralement célébré en février ou en mars selon le calendrier grégorien. Lorsque j'étais enfant, c'était le moment que j'attendais le plus pendant les vacances d'hiver. 

Le Nouvel An tibétain comprend un « petit » et un « grand » Nouvel An, qui sont séparés d'un mois. Le petit Nouvel An est célébré de manière plus simple, servant de prélude au grand Nouvel An et permettant à chacun d'entrer progressivement dans l'ambiance festive. À la fin du douzième mois du calendrier tibétain, les préparatifs battent leur plein : on achète des provisions, des sucreries, des boissons, des vêtements neufs, ainsi que les pétards tant appréciés des enfants. 


Un étal débordant de victuailles 


Une table garnie de kasai, de thé au beurre, etc. 

Le 29e jour, toute la famille se lave les cheveux. Après cela, ma mère et mes sœurs commencent à se tresser de magnifiques coiffures. Au Xizang, chaque région a ses propres styles de parures capillaires. Dans ma ville natale, à Qamdo, les femmes tressent leurs cheveux en de nombreuses petites nattes, ornées de corail et de turquoise sur le sommet de la tête. Les tresses elles-mêmes sont souvent parsemées de turquoises, donnant l'impression, de loin, d'un lac bleu incrusté dans une vaste étendue noire - un spectacle saisissant. Associées aux vêtements traditionnels tibétains, ces coiffures dégagent une élégance majestueuse. 


Mes sœurs et moi après avoir tressé nos cheveux 

Le soir venu, la famille se rassemble autour d'un bol de « gutu », une soupe de boulettes de pâte. Lors de sa préparation, on cache dans certaines boulettes des objets aux significations particulières, tels que du piment, de la laine, du sel ou encore du poivre. Pendant le repas, celui qui trouve un objet doit l'annoncer à voix haute et expliquer sa signification, tout en partageant ses vœux et objectifs pour la nouvelle année. Ce moment est à la fois porteur de bénédictions et empreint de rires et de convivialité. 


Un bol de gutu 

Le matin du premier jour de l'an, nul besoin de réveil : le bruit des pétards et les cris de joie des enfants du voisinage nous tirent du sommeil. Une fois levés, nous enfilons les vêtements neufs préparés la veille au soir, puis nous nous rendons à la rivière, un seau à la main, pour puiser l'eau du Nouvel An. Nous emportons également des sucreries, des kasai, de l'encens et du beurre pour la cérémonie de combustion de branches de pin et de cyprès près de la rivière. On dit que la première personne à rapporter l'« eau de bon augure » du Nouvel An apportera la chance dans sa maison. C'est pourquoi tout le monde se presse à la rivière et adresse ses félicitations à celui qui puise l'eau en premier. Une fois partis, les chiens du village se regroupent près de la rivière et dévorent les kasai et les sucreries laissés sur place. 

Avant le petit-déjeuner, nous remplissons un plat de kasai et l'offrons aux membres de la famille. En tibétain, le mot «kasai » a une connotation de bon augure : en le dégustant, nous nous assurons une année placée sous le signe de la santé et du bonheur. 


La cérémonie matinale de combustion de branches de pin et de cyprès 


La collecte de l'eau de bon augure 

Dans les régions pastorales, une croyance veut que le sexe du premier invité à entrer dans la maison le jour du Nouvel An soit le même que celui des veaux qui naîtront au cours de l'année. Ainsi, tout le monde espère que la première visite soit celle d'une femme, signe d'une année riche en naissances de génisses. Certaines familles invitent même volontairement une invitée dès l'aube pour maximiser leurs chances. Dans mon village natal, ma deuxième sœur est particulièrement populaire : les voisins disent souvent, avec enthousiasme, que sa visite leur a porté chance. « L'an dernier, nous l'avons accueillie chez nous, et nous avons eu de nombreuses génisses ! Cette année encore, nous devons l'inviter ! » 

(Rédactrice : Lucie ZHOU)