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[Cœurs fidèles durant la guerre de résistance] Les moines du mont Wutai durant la guerre de résistance : sous la robe, l'armure ; le bouddhisme à la rescousse de la Chine

2025-09-12 17:11

Le 15 août 1945, l'impérialisme japonais annonce sa capitulation, marquant la grande victoire du peuple chinois dans la guerre de résistance contre l'agression japonaise. Cette victoire fut une guerre d'éveil pour la nation chinoise, qui a redressé l'échine sous le joug de l'oppression de l'envahisseur, une guerre de dignité où des centaines de millions de fils et de filles de la Chine ont érigé une Grande Muraille avec leur chair et leur sang, et une grande épopée fondatrice de l'esprit national. Dans ce combat à mort pour la survie de la civilisation, les moines du mont Wutai au Shanxi ont pris part à la lutte aux côtés de millions de militaires et civils chinois. Faisant de leurs bâtons de prière des étendards, portant la robe bouddhique en guise d'armure, ils ont écrit, au cœur des flammes et fumées de la chaîne des monts Taihang, une page héroïque : « Nous, moines, avons quitté nos foyers pour entrer dans les ordres, mais nous n'avons pas quitté notre patrie, si nous ne pouvons la protéger, que restera-t-il des temples bouddhistes ? Résister à l'agression japonaise et sauver la nation est notre devoir. » 

Au milieu des pics majestueux du mont Wutai, de nombreux temples aux toits de tuiles bleu gris et murs jaunes se dressent en silence. L'histoire n'oubliera jamais que ces lieux ont un jour résonné du fracas des fusils de la résistance contre l'invasion du Japon. À la fin de l'automne 1937, lorsque Nie Rongzhen, commandant adjoint et commissaire politique de la cinquième division de la Huitième Armée de Route, posa le pied sur cette terre bouddhiste, il ne se doutait pas qu'une tempête de résistance contre l'agression japonaise initiée par les moines allait bientôt s'abattre ici. 

« En résistant aux Japonais et en défendant la nation, vous protégez aussi le site sacré bouddhiste du mont Wutai. Les armes et munitions stockées au monastère Yongle doivent être utilisées pour armer les forces d'autodéfense et lutter contre les envahisseurs japonais ! » En 1937, les lamas Wenbu, Chen et Changhu du temple Zhenhai ont spontanément remis à la milice d'autodéfense de la Huitième Armée de Route 160 fusils, 30 carabines, 8 mitraillettes et un mortier… Ces armes, qui étaient à l'origine des trésors destinés à protéger le temple, sont devenues des armes redoutables contre l'envahisseur. Encore plus touchant, en avril 1938, plus de 1 700 moines issus de diverses ethnies du bourg de Taihuai, sur le mont Wutai, ont fondé l'« Alliance bouddhiste pour le salut national », une première dans l'histoire des cercles religieux chinois résistant à l'agression japonaise. 

Après la création de l'Alliance, plus de 400 jeunes moines âgés de 18 à 35 ans furent organisés en groupes pour suivre des stages de formation militaire intensive pour la résistance contre l'agression japonaise et la survie. Un tiers d'entre eux, après cette formation intensive, ont affirmé leur volonté de protéger leur patrie et leur temple, ils ont alors pris part activement à des missions de garde et de surveillance, certains rejoignant même les forces d'autodéfense, les groupes de guérilla ou les unités locales de résistance contre le Japon. Entre l'automne 1938 et le printemps 1939, plus d'une centaine de moines ont intégré la Huitième Armée de Route, dont plus de 30 moines bouddhistes tibétains. Ils furent incorporés au 4e régiment de la 2e division de la région frontalière du Shanxi-Chahar-Hebei, et surnommés la « compagnie des moines ». Leur engagement a brisé le stéréotype selon lequel « les moines ne se mêlent pas des affaires du monde », prouvant que foi religieuse et patriotisme ne sont jamais incompatibles. Le patriotisme est la foi la plus inébranlable. 

Parmi les battements de cloche matinaux et les tambours du soir du temple Jinge, s'est illustré un moine mesurant 1,85 mètre : maître Ci Yin. Initialement, il était un disciple qui se consacrait à la méditation dans un temple du mont Wutai, il n'a pas hésité à quitter sa robe pour prendre les armes lorsque l'armée japonaise a envahi les lieux. En 1938, Ci Yin dirigea plus d'une centaine de moines dans des embuscades aux côtés de la Huitième Armée de Route dans les montagnes Jin'gangling et la zone de Shegouliang. Profitant du terrain, ils précipitèrent des rochers sur les soldats japonais et utilisèrent fusils et grenades pour attaquer l'ennemi. Pris au piège, les soldats japonais abandonnèrent leurs armes dans la panique. Lors de ces combats, les robes des moines étaient noircies par la fumée de la poudre, mais leurs regards étaient plus résolus que jamais. Cette détermination glaça l'envahisseur japonais, qui comprit que même les temples bouddhistes pouvaient cacher « les lames les plus affûtées ». 

En août 1938, les Japonais découvrirent le sceau de l'Alliance bouddhiste pour le salut national au temple Xiantong, et arrêtèrent le moine Ranyu et cinq militants de la Résistance. Au moment critique, le lama Xizengge, qui maîtrisait le mongol et le japonais, s'interposa courageusement. Joignant les mains en signe de respect, il s'adressa en japonais au capitaine japonais en ces termes : « Les moines des temples ne sont que des bouddhistes, tout comme les Japonais, ils ne font que réciter le nom d'Amitabha et ne s'impliquent pas en politique… » Lorsque les soldats japonais doutèrent de l'identité de « personnes non locales » capturées, il répondit habilement : « Ces visiteurs ont été capturés dans des temples de la montagne Fanxian où ils faisaient un pèlerinage, ils sont tous venus au mont Wutai pour vénérer les immortels et prier Bouddha, ils ne peuvent rentrer chez eux à cause des troubles de la guerre. Ils ne sont ni cadres de la Huitième Armée de Route, ni coupables méritant la peine capitale… » Il parvint ainsi, en s'appuyant sur le statut sacré du mont Wutai et sur les préceptes bouddhistes préconisant de « ne pas tuer ni nuire à la vie dans un temple », à convaincre le capitaine japonais de libérer les prisonniers. Cette confrontation sans fumée de canon révéla le courage des moines, qui surent protéger leurs compatriotes par la sagesse. 

La légende de la résistance des moines du mont Wutai ne s'arrête pas là. Ils ont fait don de toutes les armes abandonnées par les troupes en déroute du Kuomintang : plus de 500 grenades, 123 fusils et une mitrailleuse légère ; ils envoyèrent des manteaux de peau et des couvertures aux soldats de la Huitième Armée de Route pendant l'hiver rigoureux, transportèrent secrètement des vivres sous le nez des Japonais… Zhou Enlai les loua en ces termes : « Ils montent à cheval pour tuer l'ennemi, et descendent de cheval pour réciter des sutras. » Cette troupe combattit aux côtés de la Huitième Armée de Route lors de centaines de batailles, illustrant par leur sang le serment : « Face au péril national, tuer des êtres vivants c'est protéger la vie. » 

Au moment où la nation était en péril, les moines du mont Wutai, sous l'impulsion du front uni national antijaponais dirigé par le Parti communiste chinois, quittèrent résolument leurs temples avec la conviction que « le feu de la justice finirait par consumer les ténèbres de l'agression, et que la lumière de la foi finirait par percer le brouillard de la guerre », ils s'engagèrent activement dans le mouvement révolutionnaire de la guerre contre l'agression japonaise, devenant un symbole éclatant de la participation du monde religieux à la lutte contre l'ennemi. Avec le soutien et l'aide des moines du mont Wutai et des populations locales de toutes les ethnies, la Huitième Armée de Route a établi la première base anti-japonaise derrière les lignes ennemies au mont Wutai. Le Comité central du Parti communiste chinois salua « la région frontalière du Shanxi-Chahar-Hebei comme une base exemplaire de résistance contre l'agression japonaise derrière les lignes ennemies et une zone modèle du front uni. Le président Mao lança aussi un appel retentissant à l'ensemble du Parti, à l'armée et au peuple chinois : « De la création du mont Wutai dans le Shanxi à la création d'un mont Wutai dans toute la Chine, luttons pour la victoire finale ! » Après 14 années de lutte acharnée, la victoire de la guerre de résistance fut enfin remportée. 

Aujourd'hui, les cloches du mont Wutai résonnent encore, mais ces années de guerre font désormais partie intégrante de la mémoire nationale. Les actes de résistance des moines du mont Wutai lors de la guerre de résistance contre l'agression japonaise nous enseignent que la véritable foi n'est pas un refuge pour fuir la réalité, mais un courage pour affronter l'adversité ; que le véritable patriotisme ne se limite pas à des slogans creux, mais s'incarne dans des serments tenus au prix de sa vie. Ainsi la véritable loi bouddhiste consiste à préserver la sécurité du pays, et la compassion ultime consiste à sauver tous les êtres de la souffrance. En revisitant cette période dans nos temps de paix, nous devons nous souvenir que l'amour de la patrie a toujours coulé dans les veines de chaque Chinois ; le grand esprit de résistance à l'agression continuera d'inspirer les fils et filles de la Chine à rester unis et courageux, face à toutes les épreuves « Quatre cents millions de personnes sont unies et pleine d'entrain, parées de leur uniforme, elles ont la même détermination et la même volonté ». 

(Rédactrice : Lucie ZHOU)