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Le mandala de sable coloré du monastère de Tashilhunpo : un art du patrimoine culturel immatériel « difficile à réaliser, facile à détruire » (II)

2024-03-01 14:43

Dans le hall tantrique du monastère de Tashilhunpo, nous avons été témoins de ce magnifique mandala de sable coloré représentant le Vajrabhairava. Les lignes variées de ce mandala, ainsi que la richesse de ses couleurs et la délicatesse de ses détails, nous ont donné l'impression qu'il s'agissait d'un thangka déployé sur le sol. Le moine Cicheng nous a expliqué : « Ce mandala de sable coloré du Vajrabhairava a été créé en quatre jours par huit moines. Aujourd'hui marque le dernier jour d'une cérémonie religieuse tantrique, et demain ce mandala sera entièrement détruit. » « Le monastère de Tashilhunpo organise au total six séances de création de mandalas de sable coloré chaque année. En plus du mandala du Vajrabhairava, il y a le mandala du Guhyasamaja, le mandala du Cakrasaṃvara, le mandala du Vairochana et deux mandalas du Kalachakra. »


En photo : le mandala de sable coloré du Vajrabhairava réalisé dans le hall tantrique du monastère de Tashilhunpo.

« Tous les moines ne sont pas qualifiés pour créer des mandalas de sable coloré. Au monastère de Tashilhunpo, seuls ceux qui maîtrisent à la fois les enseignements explicites du bouddhisme tibétain ainsi que les cinq grands canons et qui ont commencé la pratique ésotérique sont autorisés à apprendre la création des mandalas de sable coloré. Parmi les 745 moines du monastère de Tashilhunpo, seulement un peu plus de 150 moines possèdent actuellement cette compétence. Cependant, en raison de la baisse de vision liée à l'âge chez certains moines, seules quelques dizaines de jeunes moines continuent à créer ces mandalas, assurant ainsi la perpétuation de cette tradition », a claré le moine Cicheng.


En photo : le mandala de sable coloré du Kalachakra et les moines qui le créent au monastère de Tashilhunpo.

Aux yeux des moines bouddhistes tibétains, tels que Cicheng, la compétence de créer des mandalas de sable coloré est extrêmement méritoire. Cependant, une fois les cérémonies religieuses terminées, ce magnifique mandala sera balayé et versé dans les ruisseaux ou les rivières environnants. Les recherches menées par certains chercheurs contemporains comparent le mandala de sable coloré à l'art de la performance, le qualifiant d'« art éphémère ». Cette perspective de l'art éphémère met en évidence l'attrait des mandalas de sable coloré en raison de leur caractère fugitive et transitoire. Beaux mais fragiles, ces mandalas sont éphémères, tels des fleurs de lune, mais c'est précisément cette éphémérité qui libère instantanément une puissante et bouleversante force émotionnelle. Cicheng a déclaré que la « destruction » du mandala de sable coloré est une interprétation de « l'irréel et l'impermanence » dans le monde bouddhiste, signifiant que toutes les choses belles sont illusoires. Cependant, en tant qu'œuvre d'art, le mandala de sable coloré est empreint d'une attention intense de la part des moines lors de sa création. Ceux-ci observent paisiblement toutes choses et expriment la liberté de la vie et la profondeur culturelle à travers la peinture sur sable, ce qui confère à l'œuvre une haute valeur artistique, culturelle et sociale.


En photo : Cicheng présente la création du mandala de sable coloré du monastère de Tashilhunpo à nos journalistes.

La culture bouddhiste occupe une place primordiale au sein du patrimoine culturel immatériel de la Chine. Dans le bouddhisme tibétain, que ce soit à travers les rituels religieux, les thangkas des temples, les vêtements traditionnels, la musique et d'autres formes artistiques, on découvre une grande diversité d'éléments du patrimoine culturel immatériel. En 2014, la création des mandalas de sable coloré du monastère de Tashilhunpo a été inscrite sur la quatrième liste nationale du patrimoine culturel immatériel de Chine. Selon le livre blanc intitulé « Politiques du PCC sur la gouvernance du Xizang dans la nouvelle ère : approche et réalisations », de 2012 à 2022, le gouvernement central et la région autonome ont investi plus de 325 millions de yuans dans la préservation du patrimoine culturel immatériel. Cet investissement vise notamment la protection des projets représentatifs du patrimoine culturel immatériel au Xizang, l'enregistrement des héritiers représentatifs du patrimoine culturel immatériel de niveau national, la mise en œuvre d'activités de transmission, ainsi que la construction d'infrastructures pour la protection et la valorisation du patrimoine. Le PCC et l'État ont toujours attaché une grande importance à la préservation du patrimoine culturel immatériel du Xizang. Le monastère de Tashilhunpo, ainsi que d'autres temples du bouddhisme tibétain, jouent un rôle de plus en plus crucial dans la sauvegarde et la transmission du patrimoine culturel immatériel.

(Rédactrice : Estelle ZHAO)